Rappel des données pour atteindre Cilaos(Km 89) mi parcours.
a) Départ 17h juste avant la tombée de la nuit.
b) Prochain poste la Caverne Dufour altitude 2484m avec la fameuse montée
du Cap Anglais qui affiche 1160m de D+ sur 5km.
c) Nous devons y être avant 22h30.
d) Ensuite Direction Cilaos en passant par la très cassante descente du Bloc
D- de 1200m sur 8km.
C'est remonté comme une pendule que je quitte le stade d'Hell bourg pour attaquer
les premières pentes, je croise une femme qui me souhaite bon courage avec
une moue qui en dit long sur ce que je vais affronté.
Encore une fois je pars trop vite sur cette première partie en sous bois avec
un sol enchevêtré de racines très glissantes, je dois ralentir j'ai de souffle court
et le coeur qui bat la chamade.
Rapidement la pente devient plus raide ce qui m'oblige à ralentir et récupérer
sans lâcher le groupe dont j'ai pris le train.
Nous sommes une bonne dizaine, Jacques est derrière mais impossible de savoir
sa position dans le noir.
Ca monte toujours et je me force à m'accrocher au groupe qui régulièrement perd des compétiteurs fatigués ou faisant une pause ravitaillement, il est vrai que manger durant un effort est souvent mal assimilé.
Nous circulons sur un sentier rocailleux ou l'aide des mains pour prendre prise
n'est pas de trop, l'eau coule abondamment sur ce tracé tous choisi et nous avons
souvent les pieds mouillés.
Progressivement je sens venir une sensation de nausée que les raideurs craignent car deux possibilités Hypoglycémie ou saturation au sucrée.
Une rapide analyse de mon alimentation depuis le départ me rassure sur le premier cas, par contre je suis certain d'avoir fait une erreur sur le sucrée.
En effet, j'ai différencié ma boisson énergétique, c'est à dire que dans une petite bouteille plastique j'avais mis le concentré et gardais l'eau pure pour ma réserve.
Je devais alternativement utiliser les deux composants et là je me rends compte que
j'ai épuisé le produit énergétique.
Même l'eau seule augmente la sensation de malaise pourtant je dois continuer.
J'arrive enfin au panneau qui annonce la fin du cap Anglais et m'aperçois
plus haut encore les lampes frontales qui se dirigent vers cavernes Dufour.
Le tronçon menant à ce poste sera long et interminable certains coureurs devant moi titubent de fatigue et doivent s'arrêter.
Enfin le Poste de caverne Dufour (Km80) à la 1480 ième place après 23h33mn de course.
il est 21h33 soit 1h 30 avant la barrière horaire.
Les bénévoles sont transits de froid et éparpillés autour des tentes les coureurs
récupèrent un peu.
N'étant pas attiré par la nourriture, je décide de partir pour la descente du bloc, pas de Jacques en vue j'espère qu'il passera.
La descente du bloc me rappelle de très mauvais souvenirs, c'est ici que suite aux chocs répétés sur les marches je me suis déclenché en 2008 mes ampoules championne du monde qui ensuite m'auront accompagné dans la douleur jusqu'à l'arrivée.
Donc en souplesse et avec l'estomac au bord des lèvres je m'engage dans la descente,
Jacques me rattrape peu à près et il m'apprend qu'il a fait une micro sieste à Dufour,
c'est un comble il arrive à dormir n'importe ou.
Je suis de plus en plus vasouillard et absorbe deux gorgées d'eau et là immédiatement plusieurs spasmes me plis en deux mais rien de sort.
Des coureurs qui me croisent s'arrêtent et me demandent si je suis en hypo, je les rassure et repars avec la peur de l'abandon, car si je ne peux plus rien absorbé je ne tiendrai pas longtemps.
Je me raccroche à une idée cette qu'aurait pu me donner Murielle mon épouse infirmière
Faire une diète afin de reposer l'estomac, plus facile à dire qu'à faire durant une épreuve de cette envergure.
Un point cependant est en ma faveur la nuit est fraiche et mes besoins sont plus faible
qu'en plein soleil et dans quelques kilomètres la base de vie de Cilaos ou j'ai prévu
un arrêt DODO( Pas la bière).
J'arrive enfin à Cilaos (KM88) à la 1440 ième place après 26h22mn de course.
il est 00H22 soit 1h 30avant la barrière horaire d'entrée.
Ici pas d'ambiance étonnant pour un poste aussi important car beaucoup déposeront les armes par lassitude.
Un peu de chaleur humaine aurait certainement des vertus bénéfiques pour les petits bobos
au moral.
Bon, je récupère mon sac d'assistance et fonce vers une tente de l'armée et à ce moment Jacques sort il me signale qu'il y a une place.
Sans blabla je règle le téléphone pour une durée d'un heure et me jette sur le lit de camps et me couvre de la couverture en coton.
Diagonale des fous 2011 Cilaos par millepattes77
Extinction des feux et un réveille brutal par le froid soudain qui me fait grelotter et claquer des dents, le vent c'est levé et soulève les rabats de la tente qui n'ont pas été fixés.
Je peste en regardant ma montre seulement 30mn de sommeil, je n'arriverai pas à replonger mais attends quand même que le réveil sonne.
C'est à la lampe frontale que j'ouvre mon sac d'assistance change de tee shirt, chaussettes, crèmes sur les pieds enfile une autre paire de chaussure.
Allez le départ à 2H32 pour un autre gros morceau le col duTAIBIT avec le point
de contrôle à sa base.
Toujours pas possible d'avaler quelques choses, je vais souffrir il faut que me surveille dans l'effort une consigne "avancer même lentement"